Les Astronotes

Article publié sur mon ancien blog le 4.12.2010

 

Abonnée à la Newsletter de la FDAF (Fédération des Astrologues Francophones), j'ai trouvé ce billet d'humeur particulièrement bien écrit et dans la lignée parfaite de ce que je pense.

 

Le voici :

 "Malgré la froidure et les jours raccourcis, l’humeur de l’astrologue que je suis est plutôt au beau fixe. La raison ? C’est que, pour la première fois depuis bien longtemps, j’anime un nouveau groupe d’étudiants débutants en astrologie avec, cerise sur le gâteau, des jeunes ! Oui, des moins de 35 ans (la moyenne d’âge du groupe est de 40 ans exactement). Une espèce qui semblait en voie de disparition dans notre microcosme vieillissant.

De même pour la clientèle : je vois venir de plus en plus de jeunes gens nés dans les années 80, et pas nécessairement envoyés par leur parents (c’est plutôt le cas pour les moins de 20 ans). Ce phénomène nouveau, pour moi tout au moins, m’amène à me poser ces questions : comment ont-ils fait pour se décider à consulter un astrologue ? Comment savent-ils ce qu’est l’astrologie et ce qu’elle peut leur apporter ? Qui leur en parlé, où ont-ils trouvé l’information ?

 

Je me désespère depuis longtemps de voir le rayon « Astrologie » fondre plus vite que les glaces arctiques dans les librairies généralistes telles que la FNAC ou Virgin. D’une étagère entière, voire deux, il y a 10 ans, nous en sommes maintenant à un demi-rayonnage, et encore surtout occupé par les prédictions pour l’année à venir ou les mixtures new age que l’on présente comme astrologie contemporaine.

Alors, d’où vient cette demande renouvelée pour notre science de la part de jeunes qui, très certainement, cherchent un sens à leur vie dans un monde de plus en plus frénétique ? Ils ont d’autant plus de mérite que cette quête est moins facile qu’il y a une quarantaine d’années, lorsqu’une place était réservée à l’ésotérisme et à la recherche spirituelle dans les librairies, les conférences, les revues (comme par exemplePlanète). Aujourd’hui, il leur faut chercher par eux-mêmes chez les bouquinistes ou sur les librairies en ligne et les sites web des astrologues. C’est du reste comme cela que mes nouveaux étudiants m’ont trouvé.

 

La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que l’astrologie n’est pas aussi moribonde que je le craignais il y a peu : malgré les immondices dont elle est recouverte – les horoscopes, désormais majoritairement rédigés par des pigistes pas plus astrologues que je suis garçon boucher– et la place qu’on lui attribue – la rubrique « détente » des magazines et des quotidiens –, l’astrologie semble devoir survivre et attirer ceux qui refusent la médiocrité du prêt-à-penser et qui réfléchissent par eux-mêmes pour trouver leur part de lumière et vérité. Certes, ils ne sont pas si nombreux et leur quête est fragile, car rien dans le monde extérieur ne les y encourage ni ne les conforte dans leur entreprise. Dire qu’on étudie l’astrologie appellera bien souvent, au mieux, un étonnement condescendant de la part de ceux qui se sentent appartenir à l’écrasante majorité des bien-pensants aux certitudes aussi imbéciles que bien ancrées.

 

La bonne nouvelle, c’est aussi  que ces nouveaux étudiants ont un niveau d’études et de culture élevé, qu’ils sont donc habitués à acquérir des connaissances nouvelles sansa prioritout en exerçant un regard critique. Il semble qu’ils viennent voir ce qu’est l’astrologie et qu’ils sont prêts à y investir un peu de leur temps et de leur argent pour se donner une chance d’y trouver un chemin. Ceci correspond à la démarche des profanes en quête de connaissance, il s’agit donc de ne pas les décevoir.

 

Quelles réponses leur donner ? Pour ma part, les choses sont simples : de l’astrologie et rien que de l’astrologie. Cela signifie :

-Revenir au symbolisme de base, qui se reconnaît en tout lieu et à toute époque, tout en en donnant évidemment une lecture résolument contemporaine. En effet, le symbole est sans âge et de ce fait n’évolue jamais ; c’est la lecture qu’on en fait qui doit s’adapter aux circonstances de l’époque et en traduire la spécificité.

-Renouer avec le mode de pensée analogique, en amenant l’étudiant à établir de lui-même des analogies entre le symbole et le monde dans lequel il est plongé.

-Apprendre à structurer la pensée astrologique à l’aide des règles traditionnelles, au demeurant peu nombreuses, qui permettent au discours de prendre du sens, tout comme la grammaire structure le langage.

-Ne pas accorder trop d’importance aux branches de l’astrologie nouvellement poussées, car celles-ci n’iront probablement pas plus loin que leur auteurs, et éviter de faire de l’astrologie une sorte de pot-pourri consensuel, moralisateur et vide de sens, du genre « il faut que l’homme devienne meilleur ».

 

L’astrologie, quand elle est généthliaque, c’est-à-dire qu’elle se rapporte à un sujet en particulier, se doit d’apporter des clés parfaitement individualisées et ne pas se complaire dans des considérations générales vaguement rassurantes. Je constate avec plaisir que notre clientèle est devenue exigeante, car elle sait aujourd’hui ce qu’elle peut attendre d’une consultation chez l’astrologue. Je suis convaincu que si nous remplissons notre mission avec compétence et dévouement, nos cabinets fleuriront à nouveau car, du moins potentiellement, la demande est plus forte que jamais."

 

Didier Lustig, 27 novembre 2010